La chefferie serait-elle encore innée au Gabon au XXIe siècle ?
Avant l’arrivée et l’installation des colons sur les terres gabonaises actuelles, alors que le Gabon n’était qu’une multitude de peuplades vivant en groupuscules et cohabitant, la chefferie était innée et se donnait en héritage. Il y avait des lignées de chefs au sud et au nord, c’était le plus âgé du groupe qui était le chef. Le contact avec l’Occident, qui semblait promouvoir les libertés individuelles, le respect des droits de l’Homme, la justice et la démocratie, va imposer le principe de la méritocratie : n’est chef que celui qui a fait ses preuves et toute personne ayant les aptitudes. Désormais, le statut de chef ou de leader se mérite. Il ne s’acquière plus, ni par le sang, ni par héritage. Il n’appartient pas non plus à une catégorie sociale donnée (riches, pauvres, hommes, femmes, etc.) Autrement dit, on ne naît pas chef, on le devient. La chefferie se construit au même titre que les autres fonctions sociales impliquant un ensemble de qualités, de compétences et d’aptitudes. Aucun enfant, quel que soit son sexe, ne vient au monde en sachant parler, lire et écrire, encore moins en sachant diriger, commander ou gérer. Pourtant, le Gabon donne d’emblée à l’époux le rôle de « chef » dans le couple. En effet, l’article 252 du Code civil de 1972 déclare : « Le mari est le chef de famille. […] ». L’époux, si nous restons dans la logique du mariage gabonais qui suppose l’union entre un homme et une femme, est le conjoint de sexe masculin. Tous les hommes au Gabon sont donc des potentiels (en cas de mariage) chefs, qu’ils aient ou non les qualités ou les aptitudes relatives à cette fonction. On peut donc se poser la question suivante : La chefferie serait-elle encore innée au Gabon ? La prérogative de « chef » au sein du ménage se manifeste […]
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