Le Décret n°0150/PR/MTLCC du 21 mars 2025, publié au Journal Officiel le 6 avril 2025, introduit de nouvelles règles régissant l’emploi de la main-d’œuvre étrangère dans les entreprises gabonaises, un sujet dont les conditions générales avaient déjà été traitées dans un précédent article. L’objectif de ce décret est de réguler et limiter le nombre de travailleurs étrangers afin de favoriser l’emploi national, tout en permettant aux entreprises de répondre à leurs besoins spécifiques.
Mais que prévoit exactement ce décret, et comment cela impacte-t-il les entreprises ?
Les quotas d’emploi des travailleurs étrangers
Le décret fixe des quotas d’emploi par catégorie professionnelle, afin de garantir un équilibre entre les travailleurs étrangers et gabonais. Les quotas sont les suivants :
- 10% de l’effectif des cadres doivent être des travailleurs gabonais ;
- 15% de l’effectif des agents de maîtrise et des techniciens supérieurs doivent être des travailleurs gabonais ;
- 2% de l’effectif des personnels d’exécution doivent être des travailleurs gabonais.
A titre d’illustration, si une entreprise emploie 10 cadres gabonais, elle pourra embaucher un maximum de 1 cadre étranger. De même, si elle emploie 20 agents de maîtrise gabonais, elle pourra embaucher un maximum de 3 agents de maîtrise étrangers.
Ces quotas ont pour objectif de promouvoir l’emploi national, tout en permettant aux entreprises de recruter des travailleurs étrangers pour des postes nécessitant une expertise spécifique.
Des dérogations possibles ?
Le décret prévoit des dérogations dans certains cas. Le Ministre chargé du Travail peut accorder des exceptions pour l’emploi de travailleurs étrangers dans des secteurs nécessitant des compétences techniques spécifiques. Ces dérogations sont limitées à une durée de deux ans, renouvelable une fois. Cependant, l’employeur est dans ce cas obligé d’adjoindre à l’employeur étranger un homologue gabonais.
Pourquoi cette obligation ? L’objectif est de transférer les compétences nécessaires aux travailleurs gabonais, afin qu’à terme, ils puissent assumer les postes occupés par des étrangers, renforçant ainsi l’autosuffisance et la compétitivité de la main-d’œuvre nationale.
Le renouvellement de l’autorisation d’emploi est subordonné à l’exécution d’un plan de formation pour le travailleur gabonais, avec un objectif de 80% de formation réalisée.
Les frais associés à l’emploi d’un étranger
L’embauche d’un travailleur étranger entraîne des frais administratifs. La demande d’autorisation ou de renouvellement d’autorisation d’emploi est soumise à un droit de traitement de dossier fixé à 500 000 CFA (non remboursable). Ce montant sert à financer le fonctionnement des organes chargés de statuer sur l’admission des travailleurs étrangers.
Les sanctions en cas de non-respect du décret
Les entreprises doivent impérativement respecter les quotas et autres dispositions de ce décret. En cas de non-respect, des sanctions sont prévues, pouvant inclure des amendes ou d’autres mesures administratives, conformément aux textes en vigueur.
L’impact pour les PME/PMI
La mise en place de ces quotas peut représenter un défi particulier pour les PME/PMI. Par exemple, une PME/PMI souhaitant embaucher un travailleur étranger en tant que cadre devra s’assurer que l’effectif de cadres gabonais représente au moins 90% de ses cadres. Si ce n’est pas possible, elle pourrait envisager d’embaucher un étranger en tant qu’agent de maîtrise, mais dans ce cas, elle devra aussi s’assurer que 85% des agents de maîtrise sont gabonais. Cela peut rapidement devenir compliqué pour une entreprise de petite taille, qui n’a pas toujours les effectifs suffisants pour répondre aux quotas. Dès lors, comment ces entreprises pourront-elles s’adapter à ces exigences sans compromettre leur compétitivité ?
Ce décret introduit ainsi une nouvelle régulation stricte concernant l’emploi des travailleurs étrangers au Gabon. Bien qu’il mette l’accent sur la promotion de l’emploi national, des dérogations sont possibles dans certains secteurs techniques, à condition de former des travailleurs gabonais. Les entreprises doivent désormais se conformer à ces règles pour éviter toute sanction, tout en prenant en compte l’impact potentiel sur les PME.